Le capitalisme déterritorialise : la matière devient produit, qui devient marchandise puis se reterritorialise dans les circuits commerciaux. La déterritorialisation est encore plus lunaire si on y ajoute les flux virtuels.
Le groupe ne peut vivre pourtant autrement que sur un territoire, localisé, tangible. Il est recontextualisé, lié à une terre, à un paysage.
Et si l’on considérait le territoire comme un organisme vivant, avec ses modes de perception et ses organes qui lui permettent de vivre. Territoire, territoires, lieux aux échelles multiples et infinies allant de son terroir quotidien, à la terre mère globale. Structures similaires, auto similaires, fractales, à la fois locales et infinies, peu importe l’échelle, ce qui compte c’est la perception que l’on va en avoir, en l’arpentant, en l’observant, en l’écoutant.
Découvrir en oubliant tous les apprentissages, hors de toute individualité, en résonnance, une pensée pure qui s’ouvre, enfantine, qui communique avec l’arbre, avec le caillou, le chat ou le loup en suivant sa piste comme celle d’une étoile.
Découvrir un territoire, sa nature, ses différents organes, les échanges qui s’y jouent et les équilibres qui s’établissent lorsqu’ils n’ont pas été asphyxiés.
Perturbés parce que des connections ne se font pas ou plus, des liens dénoués, brisés ou éparpillés par des implantations ou des activités qui ne permettent pas la fluidité nécessaire.
Pensée fluide, liquide, qui solubilise et permet les échanges, les partages. Ici aussi la relation, la pensée est collective.
Cette pensée de l’autre est complexe, elle est émotionnelle et spirituelle, elle est intrinsèquement reliée, mais reliée à des sources qui sont de plus en plus cachées, masquées par une vision dominée par la rationalité en décalage avec notre intuition de ce qui est réellement, l’intuition de faire partie de quelque chose de plus vaste.
Se relier comme élément de vitalité, de « métabolisation ». Ne pas se mettre dans un bol, mais en sortir, absorber son contenu comme source de vie.
Être dans un lieu, y construire en se reliant pour être en écho, en écoute sans qu’il en coûte. Repenser fractal, auto similaire, à toutes les échelles.
L’arbre est la feuille et la feuille est l’arbre. Le caillou est la montagne, la maison est le village et le village une maison, un territoire, une terre pour y croire, une terre pour y croître.
Les jeux magiques des alignements de Nazca ou les scintillements cosmiques entre les rochers de Stonehenge. Picotements à l’idée de ces échos entre lieux. Faire qu’une journée se remplisse de ces liens, de ces coïncidences, de ces moments.
Utiliser ses sens, le regard et la vue, l’odorat, le toucher, la bouche, le nez, pour respirer, absorber, souffler, parler, chanter….
Relier le sensible et le descriptif, le statique et le dynamique, l’unique et le collectif et finalement rendre visible les éléments de perceptions sensibles.
L’attachement, en entier, là où tu es, c’est là que ça se passe. Vivre le lieu pour y vivre !