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On ne va pas se mentir, la production industrialisée du bâtiment ne nous apporte que très peu de cette joie que nous pouvons avoir à démonter avec soin un ouvrage, en cherchant à le comprendre : Comment ? Pourquoi ? Ce plaisir de redécouvrir le geste, la trace de l’oeuvrier-e qui l’a réalisé.

Un doublage en plaques de plâtre cartonnées ne nous réserve que rail métalliques et déception, chutes de rails coincés entre l’ossature et le mur pour tenter de rigidifier et paquets de clopes. C’est couru d’avance.
Comment un ouvrage peut-il se rendre aussi détestable aux yeux de la personne qui doit se coltiner son démontage ? Pardon, sa démolition ?
En effet, le geste et le libre arbitre de l’ouvrier-e spécialisé-e a si soigneusement été gommé (par ses propres mains) que la seule considération que nous pouvons avoir pour ce type d’ouvrage reste un grand coup de masse dans parement !

Ces ouvrages ne donnent pas goût à les préserver, sans compter qu’il est quasiment impossible d’envisager de les stocker pour les réemployer ailleurs, plus tard, autrement.

Je vais laisser là cette évocation d’horreur car c’est en réalité de joie dont je veux parler ici : la joie de découvrir ces linteaux dont les étranges stigmates dévoilent une première vie en tant que limon d’escalier ou vis de pressoir, ces traces d’outils, ces mortaises, cet angle laissant apparaître les restes d’un pas de vis…

Un arc de décharge en plein mur ? Question de descente de charge ou de portance du sol ? Une fenêtre murée, quand ? Un jambage différent sur une fenêtre, pourquoi ?
Une mortaise mal placée, soigneusement rebouchée ? Vu !
Tiens ! Un trait de Jupiter pour prolonger cette main courante.

Joie !

C’est peut-être de la subtilité de nos réalisations que naîtra (un peu) la joie de ceux qui viendront les modifier.